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30 octobre 2015 5 30 /10 /octobre /2015 10:50

Mais que ce passe-t-il ?

Le président du premier constructeur automobile du monde, un allemand qui plus est, et qui sait ? peut-être un luthérien, organise ou couvre une immense fraude, aux dépens de onze millions ou plus de clients bernés, au mépris des 28 gouvernements de l'Europe, au mépris de ses propres compatriotes, et pire encore, en empoisonnant sciemment l'air que nous respirons tous, y compris vous et moi…

Mais où allons-nous ?

Et ce président, qui n'a pas jugé bon de démissionner immédiatement, a osé réclamer ses 28 millions de retraite-chapeau – 28 millions ! Un par gouvernement moqué.

Mais où allons-nous ?

Un homme politique français, et on va donner son nom, parce qu'il est salubre de donner les noms pour leur honte dans ces cas-là – et cela qu'ils soient de droite ou de gauche – un homme politique, Patrick Devedjan, a dit en souriant ceci : « Les Allemands, après nous avoir pris nos Juifs, nous envoient maintenant des arabes… »

Mais où allons-nous ?

Tout près d'ici, au métro Saint-Placide, mon épouse se fait faire des lunettes aux verres tout simples, des loupes à 30 € pièce. Pas de facture… Mais l'opticien déclare à la mutuelle le maximum qu'elle accepte de rembourser pour des verres progressifs : 190 € l'un. 320 € – 500 % ! – de volés comme cela, avec naturel, à la mutuelle, c'est à dire à nous tous.

Mais où allons-nous ?

Et même parmi nous… Certains, parmi nous, auraient fait des remarques à Joseph, comme quoi il n'aurait rien à faire dans ce temple pendant les cultes, et devrait rester à sa place : dans la cuisine…

Mais où allons-nous ?

Que nous arrive-t-il ?

N'êtes-vous pas, vous, effarés et effrayés par ce cynisme galopant, ce chacun pour soi, cette furie de l'intérêt personnel, ce droit à faire ou à dire n'importe quoi, qui semblent devoir bientôt gagner le monde entier ? Que nous arrive-t-il ?

Eh bien, vous savez quoi ? Ce qui manque à ce président de Volkswagen, ce qui manque à M. Devedjan, ce qui manque à cet opticien chez lequel mon épouse n'ira plus, ce qui manque parfois semble-t-il même parmi nous… C'est de croire. Exactement ce que prêchait Jean le Baptiseur, il y a 2000 ans…

C est de croire, c'est de sentir, c'est d'être profondément imprégné de la certitude qu'il existe des choses plus importantes que moi, plus importantes que mes intérêts, et même que les intérêts de ma société, ou même de mon pays, ou même de ma religion, plus importantes aussi que mes réactions ou mes préjugés viscéraux, plus importantes que la mode qui prétend ridiculiser le politiquement ou moralement correct, ou même ridiculiser la simple honnêteté personnelle…

Rappelons-nous, c'est précisément cela qui a manqué, et permis tous les totalitarismes d'hier et d'aujourd'hui, tous les intégrismes – c'est d'actualité – et c'est cela aussi qui manque pitoyablement à tous les fraudeurs, quels qu'ils soient… Exactement ce que disaient et redisaient tant de psaumes de la Bible…

Car le danger est bien là : dans la tentation de devenir soi-même un absolu, ou un absolu pour soi-même, sans Loi supérieure. Relisez le beau livre d'Esther, dans la Bible : il le décrit très bien à propos des Perses de l’époque…

Or, oui, nous avons besoin d'une Loi au dessus de nous. Pas d'une des lois humaines, qu'on peut toujours tenter de contourner, mais une Loi par-delà les lois humaines, une Loi à la fois transcendante et intériorisée. Des valeurs supérieures si vous voulez, un idéal si le mot ne vous fait pas sourire, mais simplement quelque chose de plus important que nous, que nos intérêts, nos inclinations ou même nos identités ; la certitude que nous, que le monde et que l'être humain méritent mieux que toute cette boue…

Mieux même qu'une loi, qui pourrait virer à l'intégrisme : une espérance. La certitude qu'une espérance est plus importante que nos arrangements, nos prétextes et nos lâchetés.

Et nous, ici, nous avons un autre mot pour cela, pour ce qui est plus qu'une utopie : la foi.

Ou le Royaume de Dieu.

Ou les Béatitudes – c'est pareil.

Ou le Christ acceptant la croix et désarmant le mal et la mort – c'est encore pareil.

Oui, nous sommes malades de manquer de foi.

Si nous sommes plus ou moins tous un peu faibles, un peu fragiles, vulnérables, tentés, incertains, c'est parce que nous manquons de foi, de cette foi-là. De cette certitude que quelque chose de plus beau, de plus juste, de plus vrai, est notre seule vérité, notre seule force et notre seul chemin.

Oui, une foi – quelle qu'elle soit, ce n'est pas une question d’appartenance à telle ou telle communauté – mais une foi qui soit plus importante que nous, plus importante qu'eux, tous ces irresponsables précités, une sorte de transcendance qui nous dépasse, qui les dépasse, et qui impose des limites. Des limites à nos intérêts ou nos ambitions, et qui, en même temps et surtout, offre plus que des directions pour vivre et se déterminer : des horizons.

Non pas un but qu'on pourrait atteindre ; mais bien un ou des horizons vers lesquels on peut se diriger, même si on ne les atteint jamais. Comme Moïse, qui a conduit le peuple 40 ans à travers le désert, mais qui n'est jamais entré lui-même dans la Terre promise…

Nous en avons tous besoin. Tous. Tous besoin d'horizons qui nous dépassent, qui nous gouvernent, et qui nous mettent en mouvement.

Le monde en a besoin. Plus que jamais, en tout cas autant que jamais, parce qu'il n'a sans doute jamais été autant dépourvu ou oublieux de ce qui est plus grand que lui, le dépasse et le transcende.

Alors…

Alors je m'arrête là, et je vous propose de continuer vous-même. De réfléchir à ce que vous croyez vraiment, à ce que vous considérez comme plus grand que vous, plus important que vous, à ce qui est essentiel pour vous, afin de rester vous-même et digne de vous-même. D'y réfléchir, et de l'écrire. Réfléchir à ce que sont ou seraient vos trois essentiels, les trois convictions qui vous déterminent, qui orientent, dirigent et construisent votre vie. Trois essentiels.

Vous pouvez même me les envoyer !

Jean-paul Morley

Cultes du 18 octobre 2015

Lectures : Luc 3 : 7-14

Psaume 10 : 1-6 et 11-14

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commentaires

T
Merci beaucoup pour cette belle prédication : "C'est de croire, c'est de sentir, c'est d'être profondément imprégné de la certitude qu'il existe des choses plus importantes que moi, plus importantes que mes intérêts ..."<br /> http://etudianttheologie.over-blog.com
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J
Merci Théophile, au si joli nom, pour ce commentaire ; c'est toujours très encourageant !<br /> (Où êtes-vous étudiant en théo ?)