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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 16:57

Comment Réforme peut-il écrire en Une (n° 3354, 4/2/10) « qu’il ne manque pas de ministre dans l’ERF et dans l’EELF ? », et plus loin « qu’il n’y a pas de crise de vocations » ?

Alors que dans l’ERF – c’est pire dans l’EELF -, et comme vous le dites dans le corps de l’article, il manque depuis des décennies une cinquantaine de pasteurs, que « les nombres d’entrée et de départs s’équilibrent » à peu près, mais en déficit sur la longue durée ; alors que la situation est dramatique dans plusieurs régions (Est, Nord…), avec dans certaines zones rurales moins de 50% de postes pourvus ; alors que plusieurs régions votent des budgets prévoyant un certain nombre de pasteurs mais, faute de candidats, font des ‘économies’ dont elles se seraient bien passées ; alors que, par manque de ministres, a été instituée depuis longtemps la règle d’une année de ‘vacances pastorales’ entre deux pasteurs dans une paroisse ; alors que certaines paroisses attendent en vain un pasteur depuis plusieurs années et que d’autres sont contraintes de se regrouper ?

Les responsables d’Eglise que vous avez interrogés se seraient-ils abandonnés à la langue de bois ? Cela me fait un peu peine : pourquoi nier que nos Eglise doivent réellement se préoccuper de leur devenir face au déficit de vocations, même s’il est ancien et moins violent que chez les catholiques ; face à la baisse nationale du nombre de fidèles et du nombre de cotisants ; face à la fermeture de postes pastoraux et à l’abandon de temples, plus nombreux que ceux qui sont créés ou construits ?

Toutes questions dont sont évidemment conscients, comme vous-mêmes, les responsables que vous avez interrogés, puisqu’elles sont régulièrement présentes dans les couloirs des synodes – et que nos instances ont précisément lancé cette journée des vocations et investi dans une communication moderne pour les encourager. Sans doute ont-ils voulu donner une image positive et volontariste de notre Eglise ? Très bien. Mais faut-il aller jusqu’à nourrir des illusions ? Ne vaudrait-il pas mieux tenir un langage de vérité – les protestants, on le proclame suffisamment, sont gens raisonnables et responsables – pour éclairer, faire mesurer les enjeux et mobiliser ?

Assurer le devenir de nos Eglises autant que leur mission de vivre et partager l’Evangile, leur impose probablement d’abord de changer et d’évoluer, afin de donner envie et de répondre aux attentes bien réelles des jeunes générations. Elles évoluent déjà, bien sûr. Mais elles ont sans doute besoin de le faire plus vite et plus fort, et ce devrait leur paraître une priorité.

Très fraternellement !

 

                        Jean-paul Morley

 



Un détail sur le choix de devenir pasteur : ce n’est pas le cinquantenaire devenu pasteur après une autre profession, qui est atypique, mais au contraire les ou les jeunes pasteurs. Aujourd’hui, ceux qui embrassent cette vocation sont majoritairement des changements de carrière, et très minoritairement des jeunes sortants d’études ou du bac.

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