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10 novembre 2020 2 10 /11 /novembre /2020 11:27

Et pour ce 100e conte du confinement, un récit un peu plus long, pour la part et la place de Dieu dans nos vies...

Conte du jour, 100e

Un ânier, sentant sa mort venir, fit venir ses enfants, leur parla sans témoin. « Vous le savez, je ne suis pas très riche, mais voici : toi , l’ainé, tu auras la moitié de ce que je possède ; toi, le puîné, tu en prendras le quart, quant à toi, le benjamin, tu te contenteras du sixième. Le reste, éventuellement, sera la part pour Dieu. »

L’héritage était constitué de onze ânesses. Mais comment diviser onze ânesses en deux, en quatre, puis en six ? Agacés, ne voulant sacrifier aucune bête, les trois frères étaient à deux doigts de se battre. Ils décidèrent de consulter le sage du village. Qui réfléchit. Puis leur répondit : « Prenez cette ânesse, dans ma cour, je vous la donne. Considérez-la comme un don de Dieu, et ajoutez-la à votre patrimoine. Si Dieu le veut, vous me la rendrez plus vite que vous ne l’attendez... »

Tout devint simple : les trois frères purent se partager les onze ânesses plus une, soit douze. La moitié (six) échut à l’ainé ; le quart (trois), au second ; le sixième (deux) au benjamin. 6 + 3 + 2 = …11. Il restait la douzième ânesse, que les frères purent aussitôt rendre au sage.

Ils comprirent que leur père et  le sage leur avaient donné plus que des ânesses : une quadruple et précieuse leçon de sagesse. Cette douzième ânesse, c’est la part de Dieu, sa discrète place dans nos vies.

Dans un premier temps, la part de Dieu apparaît comme une exigence et une perte : celle, pour résoudre la difficulté, de sacrifier une part de l’héritage, qui va à Dieu.

Deuxième temps, la part de Dieu se révèle au contraire comme un don : une douzième ânesse vient en surplus, uniquement par grâce.

Troisième temps, loin de contraindre les héritiers à sacrifier une part de leur héritage, la douzième ânesse enrichit chacun, puisque chacun reçoit plus qu’il ne semblait prévu…

Quatrième temps, la part de Dieu ne semble servir à rien : la douzième ânesse est toute symbolique et paraît inutile, puisqu’elle n’intervient finalement pas dans le patrimoine des frères. Elle est pourtant indispensable pour permettre la transmission de l’héritage et réconcilier les frères.

Telle est la grâce de Dieu : elle est un ‘rien’, qui n’exige rien, mais qui enrichit et réconcilie.

D’après Alain Houziaux, dans Réforme

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