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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 11:02

A propos de confinement...

Conte du jour, 26

Je sais par elle

Une léproserie dans un pays du Sud… Des hommes et des femmes qui ne font rien, des hommes et des femmes auxquels on ne fait rien, et qui tournent en rond dans leur cour, leur cage… Des hommes et des femmes seul.es, abandonnés. Pour qui tout est déjà silence et nuit.

L’un d’eux, pourtant, un seul, a gardé les yeux clair. Il sait sourire et, lorsqu’on lui offre quelque chose, dire merci. Un, un seul, semble resté humain.

L’infirmière voulu connaître la cause de ce miracle et ce qui le retenait à la vie. Elle surveilla. Et vit que chaque jour, par-dessus le mur si haut, si dur, un visage apparaissait. Un bout de visage de femme, gros comme le poing, et qui souriait. L’homme était là, attendant de recevoir ce sourire, le pain de sa force et de son espoir quotidien… Il souriait à son tour, et le visage disparaissait. Alors il recommençait son attente jusqu’au lendemain.

Lorsque l’infirmière lui demanda, « C’est ma femme » dit-il simplement. Et après un silence : « Avant que je vienne ici, elle m’a soigné en cachette. Elle m’enduisait chaque jour le visage d’une pommade, sauf un petit coin, de quoi y poser ses lèvres… Mais ce fut en vain.

Alors on m’a ramassé. Mais elle m’a suivi. Et lorsque chaque jour je la vois, je sais par elle que je suis vivant."

Même si’, Perrin Droguet et Ardant

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