...Pour poursuivre Pâques :

Les trois voeux

Un jour, un vieux sage – et puis non, pourquoi un vieux sage : une sage.

Un jour une sage consultait des livres anciens dans une très vieille bibliothèque.

Tout à coup, derrière des livres qui n’avaient pas été bougés depuis bien longtemps, elle trouve une vielle lampe à huile, couverte de poussière.

D’un geste réflexe, elle sort un kleenex et frotte la lampe. Il en sort évidemment et aussitôt un superbe et authentique génie, qui la remercie de l’avoir libéré et lui propose de formuler trois vœux, qu’il se fera un plaisir d’exaucer.

Trois vœux ? Cela demande réflexion... Non, ça ce n’est pas la peine... Non... en fait je n’ai vraiment besoin de rien...

Ah si ! Je sais ce que je vais te demander ! Mais tu ne pourras pas me les donner...

- Comment ça, je ne pourrai pas te les donner !?!

- Mon premier vœu, ce serait que tous les humains découvrent qu’il y a plus de bonheur à donner que recevoir, et à aimer qu’à prendre ; et qu’ainsi ils vivent tous pour toujours dans une grande fraternité...

- Mon second vœu, ce serait que, dans le même esprit, tous les humains aient assez d’imagination, d’habilité, de ténacité et de courage pour que les biens ne manquent pas et que l’abondance soit partagée entre toutes et tous. En sorte que, matériellement, personne ne manque de rien.

- Et mon troisième vœu, ce serait que tout homme et toute femme soit assez beau et assez agréable à vivre pour que chacun et chacune trouve son âme sœur et vive longtemps heureux avec elle...

Le génie resta longtemps silencieux, tout triste. Jamais on ne lui avait demandé de si beaux vœux. Il finit par pousser un grand soupir et dit :

« Tu as raison. Je ne peux pas t’accorder tes vœux. Tu les as déjà, de toute éternité. Ce que tu décris, c’est le royaume de Dieu. Et il est là, devant les humains, en eux, attendant qu’ils s’en saisissent... Il suffirait qu’ils fassent le premier pas pour y entrer. Mais personne ne peut le faire à leur place. »

jp morley